mercredi 18 mai 2011

Friede auf Erden


"Paix sur la terre" ? Voilà un texte bien doux et pacifique pour être maltraité par Schönberg !

Je l'avoue, c'est ce que j'ai pensé quand on nous a présenté le morceau du prochain concert. Le nom du compositeur viennois m'évoquait bien des choses passionnantes mais toutes plutôt austères : des gros mots comme "atonalité", "musique sérielle" et "dodécaphonisme"; des souvenirs de concerts où de petites notes égrainées par un piano vont se perdre dans une salle de connaisseurs; l'air entendu des dits-connaisseurs quand les petites notes s'affolent et se montent les unes sur les autres sans aucune logique pour l'oreille néophyte.

Passionnante, la révolution de Schönberg l'est assurément. Il déconstruit l'harmonie à l'époque où Kandinsky démolit la figuration. La hiérarchie des tons est obsolète, la copie de la nature également. Les deux artistes créent alors un nouveau système, plus à même de renouveler leur art : le pianiste l'appelle "dodécaphonisme", le peintre "abstraction". Les pièces de Schönberg n'ont cependant pas la couleur, la joie et la facilité d'approche des Compositions de Kandinsky. Sa musique est toute intellectuelle, elle parle à la tête et non au cœur.

Du moins c'est ce que je croyais. Car dès les premières répétitions de Friede auf Erden, les dissonances, les frottements des sons, la beauté de ces notes venant se coller à leur voisine sans jamais former un couple parfait, tout cela m'a touchée. Ce morceau n'est pas un hymne à la théorie, c'est un poème mouvant dont les lignes se mélangent et se heurtent. La pureté qui s'en dégage (adieu orchestre tapageur) fait un peu oublier la difficulté de la chose. Un peu. Parce que l'harmonie tonale, c'était peut-être démodé mais quand même drôlement pratique pour trouver sa note Arnold. 

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